SIAE : devenez ambassadeur des achats responsables !

Le 11 mai 2023, le GRAFIE animait un webinaire pour décomplexifier l’IAE auprès d’un panel de donneurs d’ordres présents, valoriser des partenariats existants, reflets de l’engagement conjugué d’entreprises, collectivités et SIAE à réduire les inégalités sociales.

Comment créer et essaimer davantage de partenariats à l’image de ceux présentés lors du webinaire ?

En rejoignant des dynamiques coopératives et évènementielles impulsées par les réseaux de l’IAE, ESS et facilitateurs, vous-même, êtes le mieux placé pour interpeller, être à l’écoute des besoins et valoriser non seulement votre offre de services, mais aussi un ensemble de leviers profitables à vous et vos pairs.

• En premier lieu, il convient de s’intéresser à votre interlocuteur, le donneur d’ordres, dans son ensemble.

Relève-t-il du service public ou du privé ? Quel est son statut ? Cela peut vous renseigner sur le fait qu’il soit soumis ou non au code des marchés publics, ou à l’obligation d’achat de biens issus du réemploi ou de la réutilisation ou intégrant des matières recyclées (loi AGEC). A titre d’exemple, les établissements publics ne sont pas soumis à cette loi.

• Ensuite, il est intéressant de comprendre l’organisation du pôle achats et ses ramifications, afin de bien cibler vos interlocuteurs.

Quels sont ses effectifs ? Sont-ils importants ? Est-il accompagné par un facilitateur externe, ou en interne, pour ses achats responsables et obligations sociales ? A titre d’exemple, VIE joue ce rôle auprès du groupe Aéroports de Paris. La commune de Romainville dispose, elle, d’une facilitatrice rattachée à sa direction des affaires juridiques et de la commande publique.

En plus des réseaux IAE, il est important de rencontrer les facilitateurs de votre territoire qui accompagnent les acheteurs dans leurs stratégies d’achats responsables, afin de créer du lien, vous faire connaître, et in fine, de générer des opportunités pour votre structure.

Retour à l’organisation du pôle achats de votre interlocuteur. Y a-t-il des personnes en charge des achats responsables comme c’est le cas au sein de la ville de Paris ou de la RATP ? Y a-t-il des acheteurs ayant la casquette de référent RSE comme c’est le cas à la SNCF ? Des chargés de mission RSE à la croisée des sujets qui nous intéressent ? Des responsables diversité et inclusion ? Au sein de la collectivité, y-a-t-il un.e chargé.e de mission agenda 21 ou développement économique ?

Dans une approche complémentaire, y a-t-il des acheteurs référents sur certains métiers ? A titre d’exemple, le pôle achats francilien du groupe La Poste a, dans son équipe, une acheteuse, « Category Manager », référente nationale sur les espaces verts.

• Intéressons-nous maintenant à l’impact social et environnemental laissé par votre interlocuteur.

Quel est-il ? Quels sont les piliers RSE de l’Entreprise ? A-t-elle une fondation qui s’intéresse à des projets sur une ou plusieurs thématiques précises ?

Quels sont les budgets annuels consacrés aux achats responsables ? Le taux de bénéficiaires de l’Obligation d’Emploi de Travailleurs Handicapés (OETH) est-il atteint ? Les marchés sont-ils notifiés à des groupements momentanés d’entreprises ?

La direction achats sensibilise-t-elle ses acheteurs à la co-traitance et l’allotissement ? Ces deux leviers, comme nous le savons, sont autant de vecteurs de soutien à l’économie locale, à la diversification de métiers supports, à l’emploi accru de dispositifs d’achats responsables et à une ouverture à la concurrence, toujours appréciée des acheteurs. D’ailleurs, l’avis de marché qui présente les principales caractéristiques du marché n’est-il pas lui-même intitulé « avis d’appel à la concurrence » ?

Les SPASER (Schéma de Promotion des Achats Socialement et Ecologiquement Responsables) des collectivités et les rapports extra-financiers des entreprises, que vous pourrez facilement trouver en ligne, vous fourniront des informations précieuses quant au niveau de maturité des actions mises en place, de connaissance de l’ESS et de l’achat responsable par vos interlocuteurs. Ce sont des outils à double tranchant qui ne pourront que s’enrichir des avis et suggestions des opérateurs économiques que vous êtes. Alors, n’hésitez pas à challenger le contenu de ces documents auprès de vos interlocuteurs !

Il est important de se référer à l’existant, de savoir si un socle de démarches d’achats vertueux a été constitué, cela afin de voir comment vos activités et celles de vos pairs pourraient s’y insérer et répondre à des besoins mutualisés. Demander si une planification ou programmation des achats est tenue à jour et diffusée, si votre interlocuteur a une plateforme dédiée pour ses achats ou vous pouvez vous référencer, s’il anime des temps de présentation de ses marchés, RFI (Request For Information : demande d’information), sera tout à fait pertinent et peut-être évocateur d’idées nouvelles chez votre interlocuteur. Les renouvellements de marchés sont aussi l’occasion pour les acheteurs de repenser leurs achats en incluant les dispositions sociales et environnementales, objectivées par le Plan National des Achats Durables.

• Suggérez à l’acheteur une stratégie d’achat responsable adaptée à son besoin.

Profitez de ces temps d’échanges avec le donneur d’ordres, dans le cadre du sourcing, encouragé, rappelons-le, par le code de la commande publique (article R2111-1*), pour le questionner sur le levier d’achat responsable qu’il envisage d’actionner, préalable à la définition technique de son besoin. Vous pouvez dès lors, tout à fait mettre en avant vos références clients sur vos marchés obtenus, les modes de passation desdits marchés, les réussites et écueils en phase d’exécution. S’agissait-il d’achats sous les seuils ? D’un marché d’insertion et de qualification ? D’un marché réservé ? D’heures d’insertion ou de dépenses fléchées vers l’IAE, imposées à l’attributaire du marché ?

Vous trouverez dans le support du webinaire cité en introduction de cet article, consultable ici, en slides 54 et 55, plus d’informations sur certains de ces leviers, que tout un chacun peut valoriser.

• Enfin, s’adapter à son interlocuteur semble primordial.

Nous constatons, face à la quantité d’informations à absorber par les donneurs d’ordres en vue de réaliser leurs achats, que l’IAE peut sembler compliquée en raison de son jargon spécifique, utilisé entre nous, sans ménagement aux autres. Vous ne ferez pas honte à vous-même en indiquant que vous êtes une TPE, si tel est le cas. En revanche, rappelez tout ce qui vous différencie et fait votre force, tels que l’accompagnement humain que vous réalisez au quotidien et la mesure d’impact précise que vous êtes en capacité de fournir au donneur d’ordres. Evoquez aussi les freins qui pourraient vous empêcher de répondre au marché.

N’hésitez pas à vous rapprocher des réseaux IAE franciliens et du GRAFIE. Nous pouvons vous aider dans vos démarches de recherche et consolidation de partenariats socio-économiques et vous accompagner en rendez-vous si vous le souhaitez.

Mehdi Nekrouf - mehdi.nekrouf@grafie.org / 06 31 21 69 58

*R2111-1 du code de la commande publique est votre allié : « Afin de préparer la passation d'un marché, l'acheteur peut effectuer des consultations ou réaliser des études de marché, solliciter des avis ou informer les opérateurs économiques de son projet et de ses exigences ».