La formation des salariés de l’IAE, un enjeu central de l’avenir du secteur

Publié le 15 juin 2021
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Emploi

Dans le cadre de la campagne des élections régionales et afin d’illustrer l’un des axes de propositions du plaidoyer du GRAFIE, voici les perspectives et attentes concernant l’avenir du secteur, vues par un acteur de l’IAE. Complexe et vaste sujet, le GRAFIE a choisi, ici, de se focaliser sur une mission essentielle des ACI : la formation des salariés en parcours d’insertion. 

Indispensable levier de retour à l’emploi, la formation a fait l’objet, ces dernières années, de réformes successives. Pourtant, ces dispositions ne sont pas toujours suffisamment adaptées aux spécificités de l’IAE, ni aux réalités des structures. Témoignages croisés de la Cheffe de service Formation-Accompagnement d’ESPERER 95 et du directeur adjoint de la structure. 

Créée en 1979, l’association de réinsertion sociale ESPERER 95 est un des acteurs majeurs de l’action sociale dans le Val-d’Oise. Elle est engagée dans la lutte contre l’exclusion, les injustices, les inégalités sociales et dans le champ de la prévention de la délinquance. En raison de ses nombreuses missions, ESPERER 95 est structurée en six pôles d’activités, dont le pôle Insertion - Formation qui se veut transversal, au bénéfice des différents publics accueillis. 

L’offre de formation dédiée aux ACI est riche, notamment grâce à des partenariats locaux et elle est notamment organisée autour de la certification CléA, qui permet de valider l’acquisition de compétences clés par les salariés en parcours d’insertion. Les évolutions observées ces dernières années dans la composition des ACI montrent, en effet, des publics de plus en plus en difficulté sur les savoirs de base et les savoirs numériques. Actuellement, 50% des salariés en insertion accompagnés par ESPERER 95 ont des problématiques linguistiques, d'illettrisme ou d'analphabétisme. Si ces freins à l’insertion sociale sont proches, la problématique est néanmoins bien différente et par exemple, la proposition de cours de FLE ne peut pas être considérée comme une réponse adaptée à toutes les situations. Elle n’est, en effet, pas pertinente pour un public analphabète ou en situation d’illettrisme. Bien sûr, il existe des formations qui répondent à ces besoins, mais elles s’accordent rarement avec l’emploi du temps de salariés en parcours.

C’est là une des difficultés récurrentes et majeures auxquelles sont confrontées de nombreuses SIAE sur le terrain : réussir à conjuguer formation et production. Comme le déplore la Cheffe de service Formation-Accompagnement d’ESPERER 95 “c’est souvent un tiraillement entre formation et production”. Et ce, d’autant plus que la production répond à deux enjeux : d’une part, celui de la progression et de l’acquisition de compétences professionnelles par le salarié et, d’autre part, un enjeu budgétaire pour l’ACI, dont l’équilibre est assuré partiellement par les recettes issues de la production. Pendant le parcours, les salariés ne peuvent pas être mobilisés pendant une semaine sans travailler ; d’autant que la SIAE répond parfois à des chantiers ponctuels. L’offre régionale de formation n’inclut pas cette contrainte de temps et d’organisation, spécifique à l’IAE. Cela montre ainsi la nécessité d’“associer les réseaux de l’IAE aux travaux de conception et de suivi relatifs aux dispositifs de formation”. (Proposition issue du plaidoyer du GRAFIE dans le cadre de la campagne des élections régionales). 

Les structures parviennent parfois à contourner ces obstacles, comme en témoigne l’attestation de compétences mise en place par ESPERER 95. C’est un dispositif ad hoc complémentaire, destiné aux salariés avec des difficultés sur les savoirs de base, qui n’ont pas pu se positionner sur la certification CléA. Comme CléA, l’attestation de compétences vise à valoriser les expériences passées, à mettre en avant les compétences acquises dans le parcours de vie et certifie que le salarié est capable d’apprendre. 

Toutefois, cette capacité d’apprentissage doit également être acquise et renforcée, alors même qu’elle est un préalable indispensable pour le parcours de formation des salariés en insertion. C’est pourquoi, le GRAFIE appelle de ses vœux le financement de projets locaux pour des besoins identifiés localement. 

La mutualisation de la formation “savoirs de base en situation professionnelle” avec le réseau VOIE 95 est un exemple abouti de formation locale, au plus près des besoins des salariés. Cette formation a très bien fonctionné en 2014, année de lancement, puis elle s’est heurtée à la réforme de la formation professionnelle et au désengagement de certains OPCO. Aujourd’hui, les SIAE peinent à assurer une prise en charge financière de l’action, en raison de la complexité de l’accès au PIC-IAE pour les structures. Or, sans projets de formation de territoire et en poursuivant la logique actuelle de grands appels à projets, l’offre régionale demeurera inadaptée aux réalités des salariés et des structures.