Evaluations de l’utilité sociale et territoriale des SIAE d’Ile de France : 3 observations sur les accompagnements menés

Publié le 11 décembre 2020
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Innovation sociale

Coorace Ile de France est financé dans le cadre du plan d’action GRAFIE et du FSE, pour accompagner des SIAE franciliennes à l’évaluation de leur utilité sociale et territoriale.  Cet accompagnement utilise un référentiel d’évaluation de l’utilité sociale et territoriale, défini en intelligence collective avec des experts de l’impact social et des SIAE. Il se remplit lors d’une réunion rassemblant des membres salariés des structures, qui cherchent collectivement des exemples d’action, d’indicateurs chiffrés qui répondent à des objectifs d’utilité pour les SIAE.  Au terme d’un dernier trimestre 2020 ayant permis la reprise des accompagnements qui se poursuivront au cours de l’année 2021 et de la visite d’une dizaine de structures, dont plusieurs sont de larges ensembliers, quelles premières observations peuvent être relevées ?  Si le référentiel permet de valoriser les singularités d’une structure, il est intéressant également de souligner ce que toutes les organisations évaluées partagent.  Cet article a donc pour objectif de relever 3 points communs intéressants aux structures accompagnées. Il ne constitue pas un observatoire général sur toute l’utilité sociale et territoriale des SIAE en Île-de-France, mais cherche à tirer quelques enseignements, sans les hiérarchiser, des accompagnements menés. 

 

Un besoin de réflexion sur l’évaluation de l’impact sur l’estime de soi du public bénéficiaire

Une partie de l’accompagnement est dédié au renforcement du pouvoir d’agir du personnel en insertion. Cet impact est très souvent ressenti par les équipes permanentes des structures, au long du parcours des personnes. Celles-ci témoignent de progrès visibles qui sont une pierre essentielle dans le projet d’insertion. Pourtant, beaucoup de structures rencontrées n’ont pas de moyens d’objectiver cet impact : aucun indicateur chiffré, peu de témoignages du personnel en insertion sur cet impact précis.  Cela demande une réflexion qui pourrait être menée en 2021 : comment objectiver l’impact en termes d’estime de soi ?  En Haut-de-France dans le cadre de l’évaluation de l’impact social d’un projet expérimental de formation, la structure Le Tremplin a collaboré avec un journaliste de RPL radio, qui propose de longs entretiens avec les publics en parcours. Ces interviews sont de riches témoignages sur ce qu’apporte le projet aux personnes.  Si des témoignages ne constituent pas une objectivation totale de la réalité comme permettrait de s’en approcher un indicateur chiffré, ils offrent un regard sur les bienfaits que peut avoir une structure d’insertion sur son public bénéficiaire en termes d’estime de soi.  En 2021, il pourra donc être question de proposer des outils aux structures, afin de mieux connaître cet impact. Si des structures souhaitent témoigner de pratiques qu’elles mettent en place pour cela, vos idées sont les bienvenues. 

 

Une volonté constante d’innover en termes d’impact environnemental à creuser ?

Les structures de l’IAE sont des organisations de l’économie sociale et solidaire. Cela se ressent particulièrement lorsque l’on fait le tour de leurs pratiques. Si l’objectif premier vers lequel elles tendent est l’insertion des publics accompagnés, il est systématiquement également relevé une sensibilité à penser le développement comme un système. Aucune structure ne se limite à chercher à avoir un impact seulement sur l’emploi. Toutes cherchent également à avoir un impact ailleurs.  Ainsi, on relève par exemple une volonté systématique de réfléchir à leur impact environnemental. S’il ne s’agit pas toujours d’avoir un impact positif sur l’environnement, on peut en tout cas toujours noter une volonté d’améliorer le fonctionnement de nos économies par le triptyque qui fait référence en matière de transition écologique « Éviter-Réduire-Compenser ».  La plupart de structures ont surtout travaillé sur le second axe qui est celui de la réduction. Optimisation des déplacements, recherche d’alternatives à l’utilisation des produits les plus polluants, réduction de la consommation d’eau ; toutes les structures recherchent à améliorer leur activité pour en réduire l’impact environnemental négatif. Certaines sont même engagées dans un bilan carbone.  Mais d’autres positionnent leur activité sur l’axe premier qui est celui d’éviter les consommations néfastes, les structures dans l’économie circulaire, par exemple.  Il est plus rare qu’elles soient sur l’axe de la compensation, même si les structures peuvent avoir cette fonction auprès de leurs clients. Mais gare alors au greenwashing !  Ces bonnes pratiques et cette recherche d’amélioration de l’impact environnemental pourraient être investiguées plus en détail. Ainsi en 2021, on pourrait réfléchir à proposer aux structures un référentiel sur leur impact environnemental. Nous serions curieux de connaître le nombre de structures que cela intéresserait, elles peuvent se signaler en nous contactant. 

 

D’importants besoins des publics sur la mobilité, une réponse des structures à appuyer ? 

Le référentiel inclut des questions sur l’impact de la structure sur la maîtrise qu’ont les bénéficiaires de leur environnement : peuvent-ils vivre sur leur territoire convenablement, c’est-à-dire en accédant aux services qui leurs sont nécessaires, en prenant part à la vie sociale ? On relève systématiquement qu’un frein important à cela est la faible capacité des bénéficiaires à se déplacer sur leur territoire.  Les structures mettent souvent alors tout ce qui est en leur mesure pour favoriser la mobilité de leur personnel : ateliers transports publics, formation en langue pour permettre de s’orienter plus facilement, explication des itinéraires à prendre, etc. Toutefois, on pourrait envisager qu’elles soient plus aidées dans ce travail. Ainsi en cette année d’élections régionales, la mobilité faisant partie des compétences de la région, on pourrait envisager d’encourager les acteurs publics à valoriser ce travail des SIAE et à le soutenir de façon plus importante, afin que cet important frein à l’insertion puisse être levé. 

Contacter l’auteur : contact@coorace-idf.org