Dossier thématique - Evaluer son utilité sociale et territoriale

Publié le 21 septembre 2021
Tag(s)
Innovation sociale

Que quoi on parle ? 

 

L’utilité sociale concerne l’apport des organisations de l’économie sociale et solidaire (ESS) au territoire et à la société. L’utilité sociale d’une structure se mesure par les effets positifs générés sur le territoire ou auprès d’un groupe ou de la société dans son ensemble. Elle permet de mesurer l’engagement social d’une organisation par des données concrètes à la fois économiques, environnementales, politiques, sociales et sociétales.

L’utilité sociale inscrit l’ESS dans des conditions de production locales et démocratiques, la préservation de liens sociaux, le public concerné, la prise en compte des intérêts locaux ; mais le contenu reste variable, flexible en fonction de chaque structure. L’utilité sociale s’apprécie donc au regard des activités menées, de la manière de les mener et des impacts qui en résultent.

Parler d’utilité sociale se réfère à la notion de territoire ; on mesure ainsi l’utilité sociale territoriale en répondant notamment à la question : qu’apporte ma structure aux parties prenantes du territoire ?

Ainsi, l’enjeu est d’identifier et d’être en adéquation avec les besoins économiques et sociaux du territoire et de proposer des réponses à ces besoins. En faisant cela, une structure est reconnue comme un acteur incontournable sur son territoire et par ses partenaires et/ou par les habitants du territoire sur les sujets de l’insertion, de l’ESS et de l’emploi. 

Mesurer son utilité sociale permet d’évaluer les effets d’une SIAE sur son territoire et de formaliser l’impact social d’une SIAE. Cela structure l’ensemble des effets directs et indirects que peut avoir une organisation sur son territoire et aide à mieux appréhender ce que la structure apporte à ses parties prenantes.

 

Pourquoi évaluer son utilité sociale territoriale ? 

 

Évaluer

Évaluer permet de prendre du recul sur son action et de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue.  Cette démarche consiste à questionner ses pratiques et à s’inspirer ou inspirer des projets sur son territoire. Elle est un temps nécessaire pour s’assurer que les actions de la structure répondent à son objet social, remettre en question les manières de faire au sein de la structure et mesurer les réussites et les points d’amélioration de chaque projet.

 

Améliorer 

La démarche d’évaluation consiste également à capitaliser, pour analyser son action et pour gagner en temps et en expertise pour les prochains projets. Elle ambitionne de formaliser les procédures et d’améliorer les pratiques. Elle constitue également un support pour améliorer le pilotage stratégique de la structure et le pilotage opérationnel des actions menées.

 

Valoriser  

Connaître ses points forts et ses points faibles permet de travailler à l’amélioration de ces derniers, mais également de valoriser les premiers. Vouloir mesurer son utilité sociale est intrinsèquement lié au fait de faire mieux connaître les bonnes pratiques de la structure. Une structure peut ainsi être connue et reconnue pour le développement de projets, pour son organisation interne ou pour la mise en place d’idées novatrices.  Valoriser ses points forts revient à mettre en valeur le travail de la structure pour une gouvernance démocratique, les dynamiques de lutte contre les discriminations ou l’engagement dans la transition écologique, par exemple. Assurer la promotion de ses valeurs permet d’être identifié comme un acteur de l’ESS et ainsi de se démarquer.

 

Communiquer

Mesurer son utilité sociale permet de se démarquer si l’on communique dessus. Cette prise de recul permet de développer une palette d’arguments pour aider la structure à mettre en valeur ses points forts et pour constituer une boîte à outils au service de la communication. Communiquer sur des indicateurs clés permet de toucher le grand public et de mettre facilement en valeur l’action d’une SIAE auprès de ses partenaires.

 

Comment faire concrètement ? 

 

Identifier ces attentes  

Pour mener à bien une démarche de mesure de son utilité sociale, il est nécessaire d’identifier les raisons qui nous poussent à la mettre en place. Quel est le but de cette démarche ? Pour qui ? Pour quoi ?  Identifier la finalité permet de se poser les bonnes questions et d’orienter la démarche dans l’intérêt de la structure.

 

Une démarche quantitative et qualitativ

L’action des SIAE est riche et multiple. Parfois, ses effets sont chiffrables et l’enjeu est de recueillir les données qui peuvent mettre en valeur l’action mise en place. Mais tout ne se résume pas à des chiffres, c’est pourquoi l’évaluation porte aussi sur des éléments qualitatifs. Le but d’une évaluation n’est pas de chercher l’exhaustivité, mais davantage d’avoir une vision globale des pratiques et actions de la structure et d’approfondir les sujets particulièrement pertinents, qu’ils soient à améliorer ou à valoriser.

 

Connaître son territoire pour définir les indicateurs clés 

Connaître les spécificités de son territoire permet d’identifier les apports de la structure et les thématiques sur lesquelles elle a une véritable utilité sociale. En s’appuyant sur l’objectivation des besoins définis préalablement, on cherche les indicateurs chiffrés que la structure pourrait utiliser pour démontrer son impact. Par exemple sur le besoin « L’accès au logement est 2 fois plus compliqué sur le territoire qu’ailleurs en France », on pourrait définir l’indicateur « nombre de personnes accompagnées et orientées pour accéder au logement ».

 

Quelques indicateurs clés pour mesurer votre utilité sociale territoriale 

Pour initier une démarche, vous pouvez vous appuyer sur quelques indicateurs clés qui vous permettront d’avoir une première idée de votre utilité sociale, pour communiquer et la valoriser.

  • La structure permet-elle aux salarié.e.s en insertion d’intégrer des emplois durables ? Quelles sont les taux de sorties de la structure ? Quelle est le nombre de nouvelles personnes accompagnées chaque année ? Combien de personnes bénéficient-elles de formations en passant par la structure ?
  • La structure a-t-elle une politique d’achats socialement responsable (cela peut concerner également les produits consommables ou les fournitures de bureau par exemple) ? Est-ce qu’elle coopère et favorise les partenariats locaux et durables (pour le développement de partenariats et pour les fournisseurs locaux et issus de l’ESS) ? Combien de partenariats de ce type a-t-elle mis en place ? 
  • La structure a-t-elle une politique claire et formalisée de lutte contre les discriminations ? Met-elle en place des outils pour décloisonner les métiers en fonction des stéréotypes de genre (ateliers, accompagnement individualisé etc.) ? Existe-t-il une procédure formalisée pour faire remonter à la direction les discriminations vécues dans le cadre du travail ? Y a-t-il des sanctions prévues pour ces situations ? La structure propose-t-elle un traitement salarial et un accès à des postes de responsabilités égaux pour toutes et tous ? 
  • La structure est-elle engagée dans la transition écologique ? Mène-t-elle des actions de sensibilisation auprès des salarié.e.s ? Son action ou une des ses activités est-elle par nature engagée écologiquement ? A-t-elle développé un plan de mobilité douce pour faciliter l’accès à ses salarié.e.s (ateliers de remise en selle, location de vélos, remboursement des frais d’abonnement Velib, etc.) ? Développe-t-elle un programme de gestion de déchets au sein de la structure ? Propose-t-elle l’utilisation de produits phytosanitaires naturels non polluants ?

L’utilité sociale est une notion propre à chaque organisation. Par sa flexibilité, elle permet de s’adapter au mieux aux spécificités des organisation de l’ESS et de valoriser les particularités de chacun. Elle nécessite pour cela de consacrer du temps pour prendre du recul et améliorer les pratiques au sein de la structure.

 

Pour aller plus loin 

 

COORACE propose un accompagnement destiné à toutes les SIAE franciliennes, pris en charge à 100% par le FSE et la DRIEETS.  Depuis 2016, COORACE a développé un référentiel d’évaluation de l’Utilité sociale et territoriale des SIAE pour accompagner les structures. Celui-ci est constamment mis à jour, de manière collective grâce aux structures accompagnées. Il est intégré à une application qui offre un outil de pilotage pour les structures et permet la création d’un plan de progrès et le suivi d’indicateurs clés. L’accompagnement permet de disposer d’un regard extérieur pour mener ce travail d’évaluation de l’utilité sociale, tout en profitant de l’expertise du réseau.  Pour profiter de cet accompagnement, c’est par ici

 

Bibliographie  

  • Documents Coorace - catalogue d’accompagnement. 
  • Diane Rodet. Les définitions de la notion d’utilité sociale. Économie et solidarités, 2008, vol. 39 (n°1), pp. 164-173. ffhal-00743282f.
  • L’utilité sociale : qu’est-ce que c’est ? Direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale Centre Val de Loire, Loiret.
  • Vers une définition de l’utilité sociale. Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Normandie.